Contexte et justification
Au terme de 30 ans après le lancement par les Nations Unies de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) et sa ratification par le Maroc en 1993, et suite à l’atteinte des OMD 4 et 5, l’engagement en faveur de la santé de l’enfant a été réaffirmé par la souscription aux Objectifs de Développement Durable (ODD) notamment l’ODD3, et l’adoption de la Stratégie Mondiale de la Santé de la Mère, de l’Enfant et de l’Adolescent 2016-2030 et le Nouveau Modèle de Développement adopté par notre pays.
Aujourd’hui, la santé des enfants au Maroc a enregistré des améliorations visibles avec de tangibles baisses dans les 4 taux de mortalité des enfants et dans le retard de croissance. Ceci est principalement dû aux :
- Efforts du département de la santé et à la cadence des plans d’accélération mis en place depuis 1988
- Réelles avancées qui ont été faites au niveau de la vaccination : l’enquête du Ministère de la Santé de 2018 a fait état d’une couverture vaccinale complète pour les enfants de 12 à 23 mois atteignant les 90,6%, alors que ce taux était uniquement de 75,7% en 1994.
Parmi les maladies infantiles responsables de morbidité et de mortalité chez les enfants, on retrouve comme c’est le cas au niveau des autres pays, les infections respiratoires aiguës. Selon l’ENPSF de 2018, 37,4% des enfants de moins de 5 ans ont souffert de fièvre, 42,8% de toux, 20,1% de problèmes respiratoires et 11,3% présentaient une suspicion de pneumonie. Ainsi, et durant les deux semaines précédant l’enquête, 29.5% des garçons ont souffert de fièvre et de toux contre 26.5% des filles notamment chez les nourrissons de moins de 24 mois chez qui on enregistre les taux les plus élevés pour la toux, la fièvre, la fièvre associée à la toux avec ou sans problèmes respiratoires ainsi que les pneumonies suspectées. A l’inverse, les enfants de moins de six mois semblent moins souffrir de ces maladies. Une influence du milieu a été noté pour la fièvre et la toux.
Il ressort aussi de cette enquête que seulement 70,3 % d’enfants présentant une pneumonie suspectée ont bénéficié d’une consultation. Dans 27,5% des cas, les familles se sont adressées aux centres de santé pour demander des conseils contre 14.8% pour les cabinets privés. Il y a lieu de noter que les femmes s’adressent directement à la pharmacie à la recherche d’un traitement dans 51,8% des cas. Le recours à l’hôpital public s’opère dans 4.5% des cas et dans 1,7% des cas aux cliniques privés. Très peu d’enfants avec pneumonie suspectée sont amenés à une unité mobile (0,1%) ou à des herboristes (1,1%).
L’analyse des données annuelles du plan de riposte national contre les Bronchiolites Aigues Virales (BAV) pour la saison 2019-2020 a noté 51588 cas notifiés (72,5 % des cas vue en ESSP et 37,5 % des cas pris en charge en hospitalier avec une baisse pour la saison 2020-2021 (19457 cas dont 80,5 % des cas vue en ESSP et 9,5% des cas pris en charge en hospitalier), cette baisse qui peut être expliquée par le contexte Covid et le respect des mesures barrières. La proportion des formes graves a avoisiné les 10 % pour les deux saisons.
Le Ministère de la Santé et de la Protection Sociale a institutionnalisé en 2016 en vertu de la Circulaire Ministérielle n° 241 SMI/DP/00 du 26 janvier 2016, le Plan National de Riposte contre les Bronchiolites Aigues Virales (BAV) du nourrisson de moins de 24 mois, dont l’objectif principal est de contribuer à la réduction de la mortalité et de la morbidité infanto-juvéniles et à l’amélioration de l’efficacité et de la qualité de prise en charge du nourrisson au niveau des Etablissements de Soins de Santé Primaires (ESSP) et Structures Hospitalières (SH) ; à travers des actions de prise en charge adéquate et de mobilisation des acteurs (professionnels de santé et parents).
Il convient que des efforts doivent être consentis pour améliorer la qualité de prise en charge, en l’absence de directives nationales ou de consensus de prise en charge de ces affections respiratoires d’une part et de la particularité des modalités thérapeutiques chez l’enfant d’autres part pour répondre à un écosystème émergent par d’autres problèmes de santé notamment l’asthme,(classifications et protocoles thérapeutiques très divers) , les nouvelles affections virales, les maladies cardiovasculaires…, touchant de plus en plus des populations jeunes. Le consensus doit prendre en considération les facultés de médecine et les sociétés savantes en relation avec la thématique et la pathologie pédiatrique respiratoire et infectieuse.
A l’issue de toutes ces données, et en vue d’améliorer l’état de santé de ses enfants et de leur prise en charge, l’élaboration d’un guide de référentiels pour la prise en charge des principales affections respiratoires chez les enfants de moins de 18 ans a été retenue dans le cadre du plan d’action MS/UNICEF pour l’année 2022.
Tenant compte de la nécessité de disposer d’un guide pratique à mettre à disposition des professionnels de santé permettant une prise en charge adéquate, s’avère urgent et pertinent.
Objectifs de la consultation
La consultation vise à appuyer le Ministère de la Santé et de la Protection Sociale pour :
- Définir les priorités en matière d’affections respiratoires pédiatriques les plus prépondérantes fondées sur les données épidémiologiques nationales.
- Obtenir un consensus sur les protocoles de prise en charge des affections respiratoires pédiatriques définies plus haut.
- Elaborer un guide de référentiels pour la prise en charge des affections respiratoires chez l’enfant de moins de 18 ans.