La culture de l’égalité passe par l’école. Le credo est véhiculé, mardi après-midi à Rabat, lors du lancement de l’initiative «Pour l’école de l’égalité» par l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM). Retour sur une table ronde dédiée à l’occasion de la journée mondiale de l’éducation.
Quelles sont les appréciations les plus pertinentes à faire afin de créer un changement pour l’égalité du genre ? Le questionnement est posé, mardi après-midi à Rabat, par Ouidad El Bouab, coordinatrice du groupe de travail de l’ADFM pour la promotion de la culture de l’égalité dans le système éducatif. La responsable, qui intervient lors du lancement de l’initiative «Pour l’école de l’égalité», s’exprime même sur une urgence. «C’est le temps des mentalités et non le temps politique!», avance l’oratrice qui estime que ce processus d’instauration de l’égalité est «de longue haleine». Dans ce sens, elle met en avant l’intervention de plusieurs parties, de la société civile et l’existence d’une volonté.
Un angle sociologique
Au-delà de l’ADFM, la question du genre à l’école est approchée sous différents angles qui sont unanimes sur l’absence de recherches sur le sujet. Du point de vue sociologique, Mohamed Al-Saghir Janjar, chercheur en anthropologie sociale et culturelle, directeur de la Fondation du Roi Abdulaziz Al Saoud et membre du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, ressort «les stéréotypes qui impactent les élèves dans leurs choix et orientations».
Par l’occasion, il donne l’exemple de la Jordanie où 13% des femmes actives et des centaines de milliers ont une licence et un master tout en étant cependant des femmes au foyer. Au Maroc, 21%, ou moins, des femmes sont, d’après lui, actives.
A propos de l’école marocaine, il révèle que celle-ci «n’a pas la valeur de la société». «L’école doit être un sanctuaire qui applique les valeurs de l’Etat», enchaîne-t-il. Et ce n’est pas tout ! «Il faut se doter d’un moyen de veille des évolutions d’inégalités dans le système scolaire en s’intéressant à l’intérieur de ce système», préconise-t-il en appelant à un changement d’approche de l’éducation à la citoyenneté. Pour lui, il est question de cesser de faire de l’endoctrinement. «L’école doit éduquer à l’autonomie intellectuelle», entérine-t-il en prélude à la présentation des démarches entreprises par le ministère de la tutelle à ce propos. C’est le cas de l’élimination de tout contenu sur les violences dans les manuels scolaires depuis 2014, ainsi que le partenariat avec la présidence du Parquet général pour lutter contre la déperdition scolaire et le mariage des mineures.
Des résistances culturelles
Egalement de la partie, l’ex-présidente de l’ADFM, Rabiâa Naciri, met en avant «des spécificités culturelles et religieuses qui font accepter des discriminations qui ont un impact sur la vie des femmes».
Dans ce sens, elle cite notamment le phénomène du patriarcat. A la culture, elle ajoute également les dimensions économique et légale. Quant à l’école, elle ne peut être dissociée de l’égalité à son sens.
De son côté, Amina Lemrini, qui a une longue expérience en inspection scolaire, ne manque pas de livrer son regard sur le sujet. «Pour que l’école soit partie à un changement, il y a un besoin de conception et il faut que l’élève soit la cible», se projette-t-elle. Le tout en rappelant que l’école est basée sur l’enseignement et non l’apprentissage. «Nous sommes dans un système frontal», qualifie-t-elle.