Les infections sexuellement transmissibles (IST) constituent un problème de santé publique dans le monde. En raison de leur mode de transmission qui ne connait pas les frontières géographiques, l’OMS a élaboré une stratégie mondiale du secteur de la santé contre les IST pour la période 2016-2021 avec une vision d’élimination de ces infections comme problème de santé publique en 2030, et avec comme orientations stratégiques : 1) des données pour cibler les actions ; 2) des interventions à fort impact ; 3) des services dispensées dans une optique d’équité ; 4) des solutions financières viables et 5) des innovations pour accélérer le progrès ; le tout dans un cadre de leadership, de partenariat, de responsabilisation et de suivi & évaluation.
Au Maroc, l’incidence des IST reste élevée, avec plus de 450 000 nouveaux cas notifiés chaque année au niveau des établissements de soins de santé primaires (ESSP) et des ONGs partenaires. La modélisation des IST qui avait été réalisée en 2016, avec l’appui de l’OMS, en utilisant le logiciel SPECTRUM avait estimé les prévalences de la syphilis, Neisseria Gonorrheoae et Chlamydiae Trachomatis, chez la population marocaine entre 15 et 49 ans, respectivement à 0,4%, 0,5 % et 4,5%. La prise en charge des IST constitue un axe principal de prévention du VIH/sida et un axe prioritaire de l’opérationnalisation de la prévention combinée auprès des populations les plus exposées aux risques d’infection par le VIH.
Dès son lancement par l’OMS, l’approche syndromique de prise en charge des IST a été adoptée au Maroc en 1998 et généralisée dans l’ensemble des ESSB durant l’année 2000. Le but de l’approche syndromique est de rompre la chaine de transmission des IST et les principaux objectifs sont de faire un diagnostic syndromique qui se passe de laboratoire, traiter au premier contact en donnant un traitement efficace, dispenser le préservatif et conseiller sur les moyens de prévention, la notification au partenaire, et promouvoir le dépistage de la syphilis et du VIH.
Afin d’atteindre ces objectifs, le ministère de la Santé a déployé une stratégie cohérente et intégrée basée sur le leadership du département, un comité national des IST pluri compétent, la production des évidences scientifiques (études étiologiques des IST et des études d’évaluation de la résistance des germes aux antibiotiques), la normalisation de la prise en charge (avec définition des syndromes et élaboration des algorithmes validés sur la base des évidences obtenues), le renforcement des compétences des ressources humaines (l’ensemble des prestataires de santé des secteurs public, communautaires et des services de santé carcérale), l’approvisionnement insuffisant en médicaments pour le traitement des IST et en préservatifs, avec gratuité de la dispensation, la notification syndromique universelle des IST avec un système d’information codifié, la communication avec production des supports et promotion de l’approche auprès du secteur privé), le partenariat avec les ONG pour la couverture des populations clés, l’assurance qualité, avec révisions régulières des algorithmes et des protocoles thérapeutiques, et avec la conduite d’études d’évaluation de la qualité de la prise en charge des IST, le tout accompagné par un appui technique et financier des partenaires (OMS, UNFPA, FM, ONUSIDA).
Cependant, , plusieurs obstacles persistent, notamment en ce qui concerne le diagnostic et la prise en charge des cas d’IST asymptomatiques, le dépistage systématique de la syphilis chez les femmes enceintes, la couverture des adolescents et des populations clés et vulnérables (PS, HSH, détenus,…) par des interventions préventives ciblées et curatives adaptées, l’utilisation pertinente de la composante laboratoire, la surveillance et le suivi et l’évaluation et surtout, la continuité des approvisionnements, et surtout en matière de financement.
A cet effet, la Direction de l’Epidémiologie et de Lutte contre les Maladies (DELM) prévoit de conduire, avec l’appui du Fonds mondial et de l’ONUSIDA, une revue intégrée de la prise en charge des IST au Maroc, afin de faire le diagnostic des principaux points forts et dysfonctionnements et de ressortir avec des recommandations utiles pour améliorer et orienter de façon pertinente la stratégie IST au Maroc.