Selon les estimations de l’UNESCO, il faudrait 24,4 millions d’enseignants supplémentaires dans l’enseignement primaire et près de 44,4 millions d’enseignants dans l’enseignement secondaire pour atteindre l’objectif d’une éducation de base universelle d’ici 2030. L’Afrique subsaharienne, qui possède les classes les plus surchargées au monde, est aussi la région où les enseignants ont la charge de travail la plus lourde. Les pénuries d’enseignants y sont également les plus criantes, 90 % des écoles secondaires souffrent de sévères manques de personnel.
Publiés à l’occasion de la Journée mondiale des enseignants 2022, les nouveaux chiffres de l’UNESCO démontrent que pour atteindre les objectifs fixés par l’Agenda 2030, il manque en Afrique subsaharienne 5,4 millions d’enseignants au niveau primaire et 11,1 millions d’enseignants au niveau secondaire. La deuxième région avec le déficit le plus important est l’Asie du Sud : l’UNESCO estime que 1,7 million d’enseignants supplémentaires sont nécessaires au niveau primaire et 5,3 millions au niveau secondaire.
Dans les pays à faible revenu, le premier obstacle est la charge de travail. Selon de nouvelles données de l’UNESCO, dans ces pays, chaque enseignant du primaire a en moyenne 52 élèves par classe au niveau primaire, quand la moyenne mondiale est de 26. Ce ratio est particulièrement élevé en Afrique subsaharienne avec 56 élèves par enseignant, et en Asie du Sud avec 38 élèves. En Europe et en Amérique du Nord, on ne compte en moyenne que 15 élèves par enseignant.
Aux difficultés d’encadrement s’ajoutent le manque de formation des enseignants, qui n’ont pas toujours à leur disposition tous les outils nécessaires pour réussir avec leurs classes. Les données de l’UNESCO indiquent que près de 26 % des enseignants du primaire et 39 % des enseignants du secondaire ne possèdent pas les qualifications minimales requises dans les pays à faible revenu, contre respectivement 14% et 16% au niveau mondial. Dans les régions isolées, défavorisées et rurales, les conditions s’aggravent et sont exacerbées par des besoins d’apprentissage accrus au sein de classes multiniveaux et multilingues.
Les enseignantes sont bien plus durement affectées en raison du manque de logements adéquats, de la longueur et de la dangerosité des trajets pour se rendre dans les écoles et du manque de services de garde d’enfants. Tous ces facteurs empêchent le maintien des enseignantes dans les postes situés dans des régions reculées. La sous-représentation des femmes dans certains domaines de connaissances et dans les postes de direction constitue un autre défi permanent.
Cette crise des vocations est également accentuée par des salaires peu compétitifs. Les données de l’UNESCO indiquent que dans 6 pays sur 10 rémunèrent moins les enseignants du primaire que d’autres professionnels aux qualifications similaires.
Ce phénomène est particulièrement manifeste dans les pays à revenu élevé. Dans 5 pays sur 6 de ce groupe, les enseignants du primaire perçoivent un salaire moins élevé que les autres professionnels aux profils comparables. Trois pays à revenu élevé ont néanmoins une politique salariale exemplaire en la matière : Singapour, avec un salaire moyen égal à 139 % de celui des professions comparables, l’Espagne (125 %) et la République de Corée (124 %).